DÉCOUVRIR LES IDÉES DES SCIENTIFIQUES POUR UNE INITIATIVE RÉUSSIE
La réalisation des objectifs de l'initiative de la Grande Muraille Verte n'est possible que grâce à l'implication totale et à la coordination de toutes les parties prenantes de la GMV. La communauté scientifique internationale est l'une de ces parties prenantes. Depuis le lancement de l'initiative, les chercheurs internationaux et nationaux, des sciences humaines aux sciences biophysiques, se sont fortement mobilisés pour tenter de fournir des preuves sur les impacts réels et potentiels de cette initiative, tant au niveau mondial que local.
Avec la volonté de tirer parti de toutes les connaissances scientifiques existantes, l'accélérateur a entamé des discussions avec plusieurs partenaires scientifiques, notamment l'Université des Nations Unies, le Comité Scientifique Français de la Désertification (CSFD), le Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), ou encore avec certains Centres d'Excellence Africains et leur programme de mise en réseau (programme ACEs-Partenaires).
Les échanges avec ces chercheurs ont donné lieu à plusieurs activités telles que des webinaires (notamment sur le Land Restoration-Water-Nexus) et la participation à différents ateliers (African France Summit, UNCCD COP 15).
Plusieurs thèmes ont été abordés au cours de ces échanges. Sans avoir l'ambition d'être exhaustif, quelques premières contributions ont été proposées à l'accélérateur (cf. annexes) sur :
- Les relations sociales et la crise sécuritaire (en français)
- La sécurisation foncière dans les systèmes de production agropastoraux
- La Grande Muraille Verte et l'approche territoriale
- Un cadre d'analyse multicritère pour les projets de la GMV (en français)
- Renforcer la FMNR au Sahel pour la Décennie de la restauration des Nations unies (en anglais)
Cet exercice se poursuivra avec de nouvelles contributions sur de nouveaux thèmes, en fonction de l'agenda international et de l'avancement de l'initiative GMV.
Un cadre d’analyse multi-critères des futurs projets GMV
Loireau M*, Jangorzo S. N. **, Chevallier T*, Issoufou H. B-A. **
Les projets GMV répondent désormais aux enjeux des trois conventions de Rio et plus largement aux Objectifs du Développement Durable (ODD). Ils doivent donc s’accorder aux logiques des politiques nationales et sous-régionales de Restauration-Conservation-Protection du Capital Naturel (RCPCN), et de Développement Economique Local des terroirs. Le décloisonnement des secteurs, des acteurs et des disciplines s’impose afin que les effets des actions menées puissent bénéficier de manière durable tant aux sociétés qu’aux écosystèmes et ne génèrent pas d’effets indésirables ou non contrôlés.
Croisant nos regards disciplinaires et mettant à profit nos expériences d’une recherche scientifique interdisciplinaire et co-construite avec une large diversité d’acteurs, nous avons opéré une synthèse des critères d’évaluation des projets de gestion durable des territoires sahéliens en figure 1. Nous la proposons comme cadre conceptuel pour l’analyse multi-critères des projets GMV.
RENFORCER LA FMNR AU SAHEL POUR LA DÉCENNIE DE LA RESTAURATION DE L'ONU
Arnaud Dakpogan*, Dr. Jules Bayala**, Ibrahim Ouattara, Jack Ellington*
La régénération naturelle gérée par les agriculteurs (FMNR) est une technique de reboisement naturel à faible coût (Botoni et al. 2010) qui a le potentiel de réduire la désertification, de contribuer à la restauration des terres et d'accroître la résilience des communautés vulnérables au changement climatique dans les pays de la Grande Muraille verte. La FMNR a été identifiée comme un moyen prometteur d'améliorer les zones boisées à travers le Sahel par L’initiative de la Grande Muraille Verte. La pratique de la FMNR a été développée au Niger suite à la découverte d'une forêt souterraine de souches d'arbres, de racines et de graines qui peuvent être utilisées pour faire repousser des arbres et des arbustes indigènes dans des champs précédemment coupés à blanc (Carey 2020). Il s'agit de tailler de manière sélective les drageons des arbres, c'est-à-dire les pousses végétatives issues du système racinaire de l'arbre, afin d'encourager la croissance du tronc de l'arbre. Cette pratique consiste également à limiter la quantité de verdure régénérée pouvant être utilisée comme fourrage, matière organique ou bois de chauffage (Reij and Garrity 2016). . En l'espace de quatre à cinq ans, les tiges sélectionnées pour leur croissance peuvent atteindre une taille importante et fournir des services environnementaux tels que l'habitat animal et la protection contre le soleil et le vent, en plus de produits tels que le fourrage et le bois (Binam et al. 2015; Weston et al. 2015). Depuis son développement, la FMNR s'est étendue à 7 millions d'hectares de terres cultivées au Niger et occupe maintenant environ 21 millions d'hectares dans tout le Sahel (Reij and Garrity 2016; Garrity and Bayala 2019).
Sécuriser le foncier agro-pastoral, pour la gestion durable des ressources naturelles, la sécurité alimentaire et la paix dans les espaces sub-sahariens.
Retour sur les conclusions du Colloque régional ‘’sécurisation du foncier agro-pastoral et la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest et du Centre ‘’
Bernard Bonnet*, Léa Graafland*, Vincent Moutédé-Madji**, Pr. Amane Tatoloum***
La question du foncier agro-pastoral est au cœur de ce triple défi pour les populations des espaces ruraux en Afrique du Centre et de l'Ouest. Comment assurer la sécurité alimentaire, par une gestion durable des ressources naturelles appropriées ou d’usage commun, le tout dans le renforcement des alliances entre communautés et des accords sociaux fonciers permettant de limiter les conflits d’accès à ces ressources ? C’est dans une plus grande sécurisation de l’accès au foncier agro-sylvo-pastoral et hydraulique, que les actions à encourager en faveur d’un développement durable et autonome des systèmes de production doivent s’inscrire. Aujourd’hui, de très nombreuses situations de conflits intercommunautaires sont relatées. Souvent mises en lien direct avec les tensions entre usagers des ressources, à plus ou moins juste titre, ces conflits interrogent de nombreux décideurs et acteurs publics, professionnels et de la société civile.
Liens sociaux et crise sécuritaire. Etude anthropologique des populations et des contextes socio politiques et culturels du Liptako-Gourma (Burkina Faso, Mali, Niger)[1]
Hagberg, S. *, Y.F. Koné**, L.O. Kibora***, O. Hamani**** et L. Vidal****
Le pilier 4 de l’accélérateur de la Grande muraille souligne la nécessité d’investissement pour l’établissement de modes gouvernance visant à offrir un environnement favorable, stabilité et sécurité au Sahel, comme conditions sine qua none pour l’atteinte des objectifs de la GMV.
Cette dimension sécuritaire est un élément particulièrement prégnant dans la région du Liptako-Gourma. Appelée « la zone des trois frontières » en Afrique de l’Ouest, cette zone est à la fois géographique, géopolitique, historique et culturelle. Elle correspond à l’espace transfrontalier réparti entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
La Plateforme d'Analyse, de Suivi et d'Apprentissage au Sahel (PASAS) étudié et analyse l’organisation sociale, politique et culturelle, la religion, les rapports intercommunautaires, l’accès aux ressources, les rapports avec l’État, l’impact des frontières internationales, les liens sociaux porteurs ou non de tensions ; ceci au moyen d’une approche anthropologique collective[2].
La Grande Muraille Verte et ses territoires : l’heure d’un nouveau rendez-vous ?
Deborah Goffner*, Amadou Hamath Diallo*, Olivier Ninot**, Ronan Mugelé**
Alors que la GMV célèbre ses 15 ans d’existence, il semble urgent de procéder à une capitalisation réelle de ses interventions. Cela passe par une analyse critique des réalisations de terrain, pour interroger à la fois l’efficacité des actions mises en œuvre, et la pertinence même de la stratégie d’intervention. Au Sénégal, pays fortement engagé dans la mise en œuvre du projet, une analyse des actions réalisées par la GMV montre deux principaux types d’interventions, souvent répliquées à l’identique d’une localité à l’autre.